La répartition des rôles.

Dans cette danse de couple, homme et femme sont partenaires, ils concourent au même but : l’harmonie, la fluidité, le plaisir. Ils se répartissent les rôles qu’on peut voir de trois points de vue. D’abord, le rôle partagé pour établir la connexion au sein du couple. Ensuite le rôle de l’homme pour indiquer à sa partenaire comment poursuivre : conduite ou guidage selon le cas. Enfin, le rôle de la femme pour interpréter les indications de son partenaire.

 Le rôle partagé 

Pour établir la connexion, les milongueros peuvent se synchroniser au tempo de la musique. De petites oscillations autour de l’axe vertical du couple en abrazo fermé sont une aide précieuse. Peu de mots permettent d’exprimer correctement cette connexion qui doit être un ressenti s’acquérant au fil de l’expérience. Pour cela, chacun doit être présent, offrir une certaine fermeté, sans violence, sans contraction, comme empreinte de bonté. L’homme propose un appui, appui qu’il déplacera en fonction du mouvement qu’il souhaite obtenir. Son déplacement viendra des épaules et non de ses bras dont les angles restent pratiquement constants. La femme prendra cet appui sans en abuser car son partenaire n’est pas une béquille. Elle prendra juste ce qu’il faut pour parfaire son équilibre, équilibre qu’elle aura déjà obtenu par elle-même. Une fois établie, la connexion devra être maintenue. Pour cela, la femme cherchera toujours à revenir face à son partenaire même si le jeu de l’homme est parfois de fuir ce face à face. Et l’homme ne fuira pas avec trop de brusquerie pour éviter de rompre cette connexion. L’aiguille aimantée suivant les mouvements d’un aimant est assez proche de ce qu’il faut obtenir.

 Le rôle de l’homme 

Conduire ou guider ? L’homme regarde dans le sens du bal le plus souvent. Il voit les obstacles potentiels et décide de la suite à donner pour les éviter. Mais cette décision est plutôt une proposition. Si ce qu’il envisage est naturel, peu d’indications sont nécessaires à la femme qui se laisse conduire très simplement. Si ce que l’homme envisage est franchement différent de ce que le couple faisait déjà (par exemple passage d’un déplacement linéaire à circulaire) alors une indication plus claire est nécessaire. C’est ce qu’on appelle le guidage. Il est plus ou moins marqué selon l’amplitude du changement ou selon que le mouvement envisagé est classique ou singulier.

Les maîtres mots de l’homme sont attention & intention. Attention à sa posture, son axe, son équilibre, attention à l’autre, aux autres. Intention, c’est-à-dire à la fois détermination, anticipation et clarté pour donner la bonne indication gestuelle au bon moment.

 Le rôle de la femme 

Lorsque la femme perçoit cette proposition, elle peut la comprendre … ou pas, et cela sans aucune culpabilité. En effet le guidage de l’homme a pu ne pas être assez clair. Que faire alors ? Rester dans l’harmonie, la fluidité et le plaisir partagé. Elle fera ce qui lui paraît le plus naturel, le plus gracieux. Et l’homme s’adaptera. Ces moments post-guidages sont aussi pour la femme une occasion de prendre l’initiative, d’agrémenter sa danse en plaçant une fioriture (adorno) ou de taquiner son partenaire.

Les maîtres mots de la femme sont autonomie & disponibilité. Autonomie pour maîtriser son équilibre, son axe, sa posture et ne pas s’affaisser sur l’homme ; autonomie pour atténuer ou amplifier le mouvement sollicité ; autonomie pour exprimer sa sensibilité, enjoliver ses pas. Disponibilité pour capter les indications corporelles de l’homme ; disponibilité pour embellir un accent ou un élan contrarié ; disponibilité pour taquiner à merci son partenaire.